Comment se déplacer en gare si l’on est une personne à mobilité réduite ?
Cet automne, des collaborateurs de la SNCB ont été invités à effectuer un parcours d’immersion organisé en partenariat avec trois associations qui défendent les intérêts des personnes en situation de handicap, Atingo, Passe le Message à ton Voisin et Konekt. Objectif : se glisser dans la peau d’une personne à mobilité réduite qui veut prendre le train.
C’est avec les yeux bandés, un casque sur les oreilles ou en chaise roulante qu’ils ont été amenés à se déplacer dans la gare, acheter leur billet, puis à partager leur expérience. Sur base de cette expérience, un plan de formation sera organisé et des check lists seront formalisées.
Cédric Blanckaert, Head of commercial activities & real estate valorization, a participé à l’expérience. Nous lui avons posé 3 questions.
Tout d’abord, je dois dire que cette expérience m’a marqué.
J’étais dans un fauteuil roulant. Mon exercice a commencé au 5ème étage d’un bâtiment de la SNCB, avec pour objectif d’atteindre les guichets en gare de Bruxelles-Midi et d’acheter un billet à tarif réduit pour personnes à mobilité réduite.
La première étape, et pas la plus simple quand on n’a pas l’habitude, était de maîtriser la chaise. Je devais ensuite passer les portes et prendre l’ascenseur. Comme c’est un modèle ancien, il fallait l’appeler et ouvrir la porte.
Ensuite, dans la rue, pour se déplacer sur le trottoir dont les dalles sont parfois inégales, j’ai constaté qu’il fallait de la force pour se déplacer. Même s’il y a une rampe d’accès et qu’elle est à la bonne inclinaison, cela demande de l’énergie. Il faut des biceps !
Pour prendre mon billet à l’automate, je ne connaissais pas le nom du tarif réduit, et ce n’était pas évident de le trouver. Par contre, il y avait une bonne surprise : la machine est incurvée dans le bas, ce qui laisse la place pour avancer le fauteuil.
J’ai aussi voulu acheter une boisson et j’ai constaté que les automates étaient bien conçus et accessibles pour les personnes en chaise roulante. Ensuite, pour me rendre sur le quai, je devais encore trouver un ascenseur, et je me suis rendu compte qu’il n’était pas si facile à trouver.
Cette expérience était très intéressante parce qu’en quelques heures, il y a déjà une grande prise de conscience.
La leçon que j’en tire, c’est que nous devons encore avoir davantage le réflexe de penser aux personnes en situation de handicap, qu’elles soient en fauteuil ou mal-voyantes, par exemple. Il y a de très nombreux éléments dont il faut tenir compte et on prend conscience que chaque aménagement doit être réfléchi. Chaque détail compte !
Dans mon domaine, qui est celui des concessions (magasins, horeca), il est évident que le focus doit être mis sur l’accessibilité. Les portes doivent être assez larges et faciles à ouvrir, chacun doit pouvoir s’installer pour boire un café. Nous allons d’ailleurs renforcer l’obligation des contractants lors du renouvellement des concessions.
Je conseille sincèrement à tous les collaborateurs de la SNCB de s’inscrire à cette formation. Au-delà d’être sympathique, l’expérience est surtout riche d’enseignements. Pouvoir se déplacer est un droit essentiel qui doit être accessible à tous !